Demain, j'arrête d'être débile quand je rencontre un mec bien

Nous sommes toutes extrêmement habiles pour jouer de la séduction avec le premier venu. Sortir les meilleures répliques au mec qui nous a dragué la veille. Conseiller les copines sur la position adéquate à adopter en cas de "date" (prononcez Dèite...). Planifier une stratégie en six points pour sortir avec le pote de l'un de nos sexy collègues ou encore nous la jouer nana saoulée de recevoir le énième sms du mec rencontré il y a un mois et qui ne nous plaît pas !

Et pourquoi, après tout cela, nous sommes incapables d'avoir plus de douze ans d'âge mental quand nous tombons (une fois n'est pas coutume) sur LE mec au véritable potentiel (le Hi.Po)*.
Celui qui, après nous avoir parlé une minute douze secondes, nous fait déjà nous imaginer en robe de marié, ou, pour les réfractaires au mariage, en train de porter les cartons pour emménager dans son loft de 180 m² (ou pour les parisiennes, new-yorkaises, tokyoïtes, dans son loft de 31,2m² loi Carrez)  ! Oui, nous avons une capacité assez phénoménale à nous projeter...

Au bout de quelques mois ou années d'errance affective, où l'on est passée du plan cul sympa mais doté d'un QI proche du bulot mort, au mec complètement autiste et handicapé des sentiments, pour finir sur le mec bien sous tous rapports mais qui nous avait caché un petit détail selon lui (une alliance et deux enfants... connard ! - c'est le moment où nous nous sommes noyées dans le jacuzzi), nous avons fini par oublier ou en tout cas à ne plus croire que nous pourrions, un jour, dégoter le mec bien.

Or, il est là, pile en face et c'est là que ça se corse car nous n'avons bizarrement plus accès à toutes nos fonctions cérébrales !

Dès le premier message émanant de son portable, nous passons une bonne dizaine de minutes à le relire, alors qu'il n'y avait que 8 mots en comptant l'apostrophe : "J'espère que tu es bien rentrée.". 
Le sms sera irrémédiablement transféré aux trois copines les plus proches qui chacune aura son mot à dire pour nous rassurer (mais oui tu as une touche énorme !), motiver (vas-y chope le !), conseiller (t'es allée te faire épiler ?).
Bien évidemment, elles le connaissent déjà physiquement puisque nous l'avons facebooké et googlisé lors du dernier apéro-terrasse !
Nous passerons ensuite deux heures au téléphone avec ces mêmes amies pour savoir ce que nous devons lui répondre et s'il faut finir par, bises, bisous, je t'embrasse, +++ ou rien ! 
Nous sommes capables de définir des stratégies de conduite du changement pour des entreprises du CAC 40, de rédiger des notes de synthèses sur la finance de marché, de prendre la parole dans une assemblée générale et là nous passons quatre heures à peaufiner un message pourri qui pourra éventuellement nous faire passer pour une pauvresse "bien rentrée. J'espère te voir bientôt" ou pour une connasse hyper détachée "Bien rentrée. A +".

Alors cessons cela tout de suite ! Que nous relisions vingt fois le message passe encore (nous resterons des filles quoiqu'il arrive) mais arrêtons d'en faire bénéficier la terre entière et surtout ne demandons plus de conseils amicaux.
Certaines superstitieuses pourront dire que ça met l'oeil, mais c'est surtout que cela nous monte la tête, nous empêche d'être naturelles et nous met une pression supplémentaire si l'on passe à l'étape du premier vrai rendez-vous !

Oui, le rendez-vous où on a juste envie de tout annuler tellement on a mal au bide, la gorge serrée, les mains moites, la peur de dire une connerie (Autant se le dire tout de suite, oui, nous allons en déblatérer des tonnes !).
Le rendez-vous où nous avons passé une heure dans la salle de bain (habituellement en dix minutes, un coup de blush et de mascara et c'est réglé), où nous avons changé six fois de tenues (toutes achetées le week-end précédent), où nous nous battons avec notre tignasse que l'on hésite à détacher. Et nous voilà en retard !

Ca y est nous y sommes, nous rougissons à chaque phrase, tentons de rebondir sur ces propos, cherchons une contenance dans le verre de bourgogne (surtout ne pas boire trop ! Trois verres maximum sous peine de finir par lui raconter notre "vraie" vie depuis le CP ou pire encore, le top 10 des moments les plus honteux que l'on a vécu).
Le dîner s'est bien passé, il nous raccompagne en bas de chez nous. Et c'est reparti pour un duel psychologique avec soi-même. Je le fais monter ou pas ? Va-t-il m'embrasser ou pas ? S'il ne le fait pas, courage, résistez jusqu'à la prochaine fois. Si la seconde ou troisième fois il ne fait toujours rien, violez le ou laissez tomber ! Il n'était peut-être pas à mettre dans la catégorie du HI.PO* !

Après, tout devrait rouler tout seul. Si ce mec est vraiment LE mec, soyez naturelles dès le début. Cela ne sert à rien de se prendre la tête et de flipper, il est sûrement autant en panique que vous. Détendez-vous, restez vous-même. Après tout, c'est pour vous qu'il est là donc ne jouez aucun rôle (il vous aimera telle que vous êtes...). Laissez tomber les préjugés, dîtes ce qui vous passe par la tête sans chercher la répartie brillante. Ne calculez plus rien, laissez-vous aller et lâchez prise. Au final, les rougissements, les failles et le fait que vous ne serez pas dans le contrôle le toucheront davantage que si vous procédez comme d'habitude c'est-à-dire telle une amazone !

Vive les papillons dans le ventre, foncez les filles... l'hiver approche... !

* Hi.Po : High Potential

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Comments

[Sophie de Londre]

Je plaisante mais rien de telle que la simplicite. je te recommande ds ton temps libre Les Errances Affectives de Christian Kamtchueng. Je l'ai lu...en plus d'etre marrant, c'est tres instructif.



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[Ti FRERE]

On est pareil. Les mecs se prennent peut etre encore plus la tete...mais rester simple et bas les masques.